Vivre avec le Coronavirus : Khaïra Thiam, Psychologue clinicienne, Spécialisée en pathologies psychiatriques et en criminologie clinique, Fondatrice du cabinet Kpsy Consulting nous partage sa vie en cette période de pandémie...

#Vivraavec #COVID19sn
Khaïra Thiam, Psychologue clinicienne, Spécialisée en pathologies psychiatriques et en criminologie clinique, Fondatrice du cabinet Kpsy Consulting nous partage sa vie en cette période de pandémie...

Je fais partie du corps des soignants donc très tôt j'ai eu des informations sur la gravité de la pandemie à l'extérieur du pays.
Aussi la prévention commençant d'abord par son environnement proche, ce sont les miens que j'ai d'abord alerté, puis sur lesquels j'ai clairement mis la pression quand Dakar a enregistré son premier cas de covid-19.

Ma fille a été gardée, à la maison, une semaine avant les mesures de confinement des ecoles, puis à du quand même y aller 2 ou 3 jours, avant la fermeture officielle. Autant dire que j'étais absoluement folle d'inquiétude. Mais je ne l'ai pas laissé y aller sans que je ne passe un coup de fil a l'ecole pour connaitre les mesures d'hygiène préventives mises en place. Ma fille y est allée avec un sac en plus pour le savon, les gels hydroalcooliques, les petites serviettes pour les mains etc et l'obligation de se laver les mains à intervalles reguliers. J'ai fait de même pour ma mère et mon père et lui ai livré ses médicaments pour qu'elle n'ait plus à sortir de chez elle.

J'ai bien martelé les mesures préventives à mes parents et ma fille pour être sûre qu'ils aient bien compris et qu'ils appliquent strictement les recommandations. Je ne me suis détendue que lorsque j'ai fait moi-même les frais de ses mesures avec ma mère qui m'a tenu en respect à 1m50 d'elle.

Ensuite avec l'avis de mes collègues urgentistes j'ai du moi-même être confinee du fait de certains problèmes de santé qui me rendent vulnérable à ce virus. Moi qui aime ma liberté j'étais un peu déconfite...mais ça m'a vite passé : ma raison a repris le dessus! 

Quand dans ma tete j'ai été bien tranquille et mon travail me le permettant, je me suis mise en teleconsultation. Par ce biais j'ai continué à être à l'écoute de mes patients et de mes collegues et j'ai épongé les angoisses des uns et des autres. Pour mes patients j'ai bien expliqué et vérifié et revérifié qu'ils appliquaient bien les mesures préventives et qu'ils aient toutes les informations utiles. 

Ils sont vraiment très peu à ne pas avoir accepté le dispositif de teleconsultation. Et de plus des demandes de consultations sont fréquentes. Donc la pandemie n'a pas d'impact majeur sur mon activité comme je le pensais au début. Elle generalise simplement des modalités de travail que j'utilisais déjà en temps normal lors des déplacements de certains de mes patients.

Apres 3 semaines intenses, j'ai eu droit à l'accalmie. Et là, j'ai commencé tout doucement à réaliser que certaines de mes activités parallèles (notamment militantes,de consultante etc) s'étaient arrêtées ou ralenties et que cela m'offrait quand même une pause appréciable. J'ai donc fait ce que je recommande beaucoup à mes patients : se centrer sur soi-même et prendre soin de soi d'abord. Eh oui le travail de soignant, qui plus est engagé à la sauvegarde et au respect des droits humains, ne le permet pas toujours et pourtant nous en avons tous grandement besoin! 

Des lors j'ai redécouvert des activités que j'aimais, une qualité de partage avec ma fille dont nous n'avions plus l'occasion, des discussions et échanges conceptuels et théoriques dont j'avais tellement besoin, des disciplines auxquelles je m'initie, j'ai rappelé mes amis qui sont à l'étranger, j'ai repris en main ma maison dont je n'avais pas le temps de m'occuper moi-même, refais du sport et me repose...Cette pause est l'occasion pour moi de faire le point, de remettre des choses en perspective dans ma vie, de rattraper des choses qui sont pendantes ou en retard depuis trop longtemps.

Paradoxalement et au risque d'en choquer quelques uns, cette période a été la plus belle periode pour moi depuis fort longtemps. Non que je ne m'epanouissais pas dans mes multiples activités mais je m'y diluais aussi. En prenant le temps de me rassembler dans ma tete et dans mon corps, en me centrant sur l'essentiel de mes besoins, j'ai renoué avec une sorte de joie intérieure que j'espère pouvoir concerver, après la pandemie, en me ménageant davantage. 

Je prépare, d'ailleurs, une énorme surprise à mes proches et amis, des que les conditions de vie seront socialement plus flexibles....Ceux qui sont au courant : prière de se taire, ne gâchez pas mon effet!





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