Vivre avec le Coronavirus : Papa Latyr Junior Diouf, médecin interne, DES en maladies infectieuses partage avec nous

#Vivreavec #COVID19sn
Papa Latyr Junior Diouf, médecin interne, DES en maladies infectieuses nous partage sa vie en cette période de pandémie

"En fin février, on a reçu notre premier cas suspect de Covid, une étudiante qui venait de la chine. Ce jour là j’étais d’astreinte au service. Des que je suis arrivé, j’ai trouvé plein de voitures dans le parking, les voitures du prof, du surveillant de service et d’une de nos assistantes, un dimanche à 8h tapante….vraiment inhabituel. Alors là j’ai vite compris et je me suis dit mon gars :’’ tay rekk nakk gay dora astreinte’’mdr. J’étais à la fois nerveux et excité. Nerveux parce que j’allais me jeter dans la gueule d’un virus extrêmement contagieux et potentiellement mortel. Mais excité, oh oui hyper excité parce que j’allais examiner le premier cas probable de Covid du pays. Et pour un petit aspirant infectiologue qui ne connait rien aux épidémies c’est un privilège, voir une bénédiction que de vivre cet instant.
Depuis ce jour ce sont ces deux émotions qui m’animent à chaque fois que je vois les patients Covid +, par contre l’excitation un peu moins.
Mon quotidien est rythmé par les ateliers de formation du personnel soignant sur la gestion du Covid et la prise en charge des patients Covid + au CTE de FANN. On est tellement focus Covid qu’on en oublie notre médecine. Et à cause de cela certains collégues m’appellent covidologue ou Docteur covid. Un surnom qui me fait bien rire. Parfois pour échapper un peu à cet environnement, je prie pour qu’on m’appelle à donner un avis dans un autre service.
Le plus dur c’est l’entourage proche, les amis, les parents qu’il faut constamment rassurer. Déja ils n’ont jamais compris pourquoi mon choix des maladies infectieuses, alors avec cette situation qui s’y ajoute, on peut aisément deviner leur inquiétude. Mes parents m’appellent pratiquement chaque jour pour prendre de mes nouvelles et s’assurer de mon bien être physique et psychologique, surtout ma maman qui m’harcèle avec amour sur ‘’whatsapp’’.
Et un fait qui m’a vraiment marqué dans ce contexte covid c’est la solidarité dont les sénégalais font montre les uns envers les autres mais aussi et surtout envers le personnel soignant. Que de dons nous avons reçus. Et même pour manger, régulièrement des sénégalais anonymes nous offrent de la nourriture.
Et ces actes nous poussent à faire de notre mieux pour répondre aux attentes des sénégalais dans le cadre de la prise en charge.
Nous espèrons que tout ceci deviendra rapidement une histoire ancienne pour qu’on puisse retourner à nos vies d’avant, surtout que les visites avec les étudiants me manquent trop."